Carnet de chants Mai 2002 - http://drapeaurouge.free.fr Sommaire : L'Internationale 3 La Jeune Garde 4 Le Drapeau Rouge 5 La Varsovienne 6 Le Front des Travailleurs 7 Hardi, camarades ! 8 L'Appel du Komintern 9 Bandiera Rossa 10 La Butte Rouge 11 Les Canuts 12 Ceux d'Oviedo 13 Chant de Bataille 14 Le Chant des Marais 15 Le Chant des Matyrs 16 Le Chant des Ouvriers 17 Les Partisans 18 Le Chant des Survivants 19 La Chanson de Craonne 20 Elle n'est pas morte 21 Girofée Girofla 22 L'Insurgé 23 Jean Misère 24 La Grève des Mères 25 La Grève Générale 26 Le Tombeau des Fusillés 27 El Paso del Ebro 28 Le Chant du Premier Mai 29 Quand un soldat 30 Révolution 31 La Ronde des Saint-Simoniens 32 Secours Rouge 33 La Semaine Sanglante 34 Le Temps des Cerises 35 Die Thälmann Kolonne 36 We shall not be moved 37 Zimmerwald 38 L'Age d'Or 39 L'internationale Pierre Degeyter - Eugène Pottier (1870-1888) Debout ! les damnés de la terre Debout ! les forçats de la faim La raison tonne en son cratère : C'est l'éruption de la fin Du passé faisons table rase Foule esclave, debout ! debout ! Le monde va changer de base : Nous ne sommes rien, soyons tout ! C'est la lutte finale Groupons nous et demain L'Internationale Sera le genre humain. Il n'est pas de sauveur suprême : Ni dieu, ni césar, ni tribun, Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes ! Décrétons le salut commun ! Pour que le voleur rende gorge, Pour tirer l'esprit du cachot Soufflons nous-mêmes notre forge, Battons le fer quand il est chaud ! Hideux dans leur apothéose, Les rois de la mine et du rail Ont-ils jamais fait autre chose Que dévaliser le travail ? Dans les coffres-forts de la bande Ce qu'il a créé s'est fondu. En décrétant qu'on le lui rende Le peuple ne veut que son dû. L'Etat opprime et la loi triche ; L'Impôt saigne le malheureux ; Nul devoir ne s'impose au riche ; Le droit du pauvre est un mot creux. C'est assez languir en tutelle, L'égalité veut d'autres lois ; " Pas de droits sans devoirs, dit-elle, " Egaux, pas de devoirs sans droits ! " Les Rois nous saoulaient de fumées. Paix entre nous, guerre aux tyrans ! Appliquons la grève aux armées, Crosse en l'air et rompons les rangs ! S'ils s'obstinent, ces cannibales, A faire de nous des héros, Ils sauront bientôt que nos balles Sont pour nos propres généraux. Ouvriers, Paysans, nous sommes Le grand parti des travailleurs ; La terre n'appartient qu'aux hommes, Le riche ira loger ailleurs. Combien de nos chairs se repaissent ! Mais si les corbeaux, les vautours, Un de ces matins disparaissent, Le soleil brillera toujours ! La Jeune Garde Montéhus - Saint-Gilles Nous sommes la jeune garde Nous sommes les gars de l'avenir Elevés dans la souffrance, Oui, nous saurons vaincre ou mourir. Nous combattons pour la bonne cause, Pour délivrer le genre humain. Tant pis si notre sang arrose Les pavés sur notre chemin. Prenez garde ! Prenez garde ! Vous les sabreurs, les bourgeois, les gavés, et les curés V'là la jeune garde ! V'là la jeune garde, Qui descend sur le pavé. C'est la lutte finale qui commence, C'est la revanch' de tous les meurt de faim C'est la révolution qui s'avance, Et qui sera victorieuse demain. Prenez garde ! Prenez garde ! A la jeune garde ! Enfants de la misère, De force nous sommes des révoltés Nous vengerons nos pères Que des brigands ont exploité. Nous ne voulons plus de famine A qui travaille il faut du pain, Demain nous prendrons les usines, Nous sommes des hommes et non des chiens. Nous n' voulons plus de guerre Car nous aimons l'humanité, Tous les hommes sont nos frères Nous clamons la fraternité, La République universelle, Tyrans et rois tous au tombeau ! Tant pis si la lutte est cruelle Après la pluie le temps est beau. Quelles que soient vos livrées, Tendez vous la main prolétaires. Si vous fraternisez, Vous serez maîtres de la terre. Brisons le joug capitaliste, Et bâtissons dans l'monde entier, Les Etats-Unis Socialistes, La seule patrie des opprimés. Pour que le peuple bouge, Nous descendrons sur les boulevards. La jeune Garde Rouge Fera trembler tous les richards ! Nous les enfants de Lénine Par la faucille et le marteau Et nous bâtirons sur vos ruines Le communisme, ordre nouveau ! Le drapeau Rouge Paul Brousse (1877) Les révoltés du Moyen-Âge L'ont arboré sur maints beffrois. Emblème éclatant du courage, Toujours il fit pâlir les rois. Le voilà !, Le voilà ! Regardez ! Comme fièrement il bouge, Ses longs plis au combat préparés, Osez, osez le défier ! Notre superbe drapeau rouge ! Rouge du sang de l'ouvrier ! (bis) Puis planté sur les barricades, Par le peuple de février Il devint pour les camarades, Le drapeau du peuple ouvrier. Quand la deuxième République Condamna ses fils à la faim, Il fut de la lutte tragique, Le drapeau rouge de juin ! Sous la Commune il flotte encore À la tête des bataillons Et chaque barricade arbore Ses longs plis taillés en haillons ! Noble étendard du prolétaire, Des opprimés sois l'éclaireur. À tous les peuples de la terre Porte la paix et le bonheur ! Les braves marins de Russie, Contre le tsarisme en fureur, Ont fait flotter jusqu'en Asie Notre drapeau libérateur ! Un jour sa flamme triomphale Luira sur un monde meilleur, Déjà l'Internationale Acclame sa rouge couleur ! La Varsovienne Notre ennemi nous attaque en rafales, Son joug cruel nous opprime odieusement. Nous sommes entrés dans la lutte finale, Qui sait encore quel sort nous attend ? Mais nous prendrons en nos mains prolétaires, Le drapeau rouge de tous les travailleurs, Nous lutterons pour la cause ouvrière, La liberté et le monde meilleur. Frères en route, tous à la lutte ! Marche hardiment ouvrier, en avant ! (bis) Le travailleur meurt toujours de famine, Nous ne pouvons plus nous taire mes amis, Ni retenir notre haine en sourdine, Ni avoir peur d'échafauds ennemis. Ceux qui sont morts en honneur, avec gloire, En combattant pour le monde ouvrier, Ne périrons pas dans notre mémoire, Et ne serons nullement oubliés ! Nous haïssons les tyrans et les trônes, Pour délivrer notre peuple martyr, Nous détruirons leurs palais et couronnes, N'en laisserons plus aucun souvenir. Notre vengeance sera impitoyable Aux parasites du travail humain, Car tous leurs crimes sont impardonnables, Et notre jour de revanche est prochain. Le Front des Travailleurs Hans Eisler - Bertold Brecht L'homme veut manger du pain, oui, Il veut pouvoir manger tous les jours. Du pain et pas de mots ronflants, Du pain et pas de discours. Marchons au pas (bis) Camarades, vers note front, Range-toi dans le front de tous les ouvriers Avec tous tes frères étrangers. L'homme veut avoir des bottes, oui, Il veut avoir bien chaud tous les jours. Des bottes et pas de boniments, Des bottes et pas de discours. L'homme veut avoir de frères, oui, Il ne veut pas de matraques ni de prisons, Il veut des hommes pas des parias, Des frères et pas de patrons. Tu es un ouvrier, oui, Viens avec nous, ami, n'aie pas peur Nous allons vers la grande union De tous les vrais travailleurs. Hardi, camarades ! Ecrit en 1897 par L. P. Radine. Marchons au pas, camarades, Marchons au feu hardiment ! Par-delà ces fusillades, La Liberté nous attend ! Place aux vrais fils de la terre, Place aux enfants du labeur ! " Affranchissons tous nos frères ! " Sera le cri des vainqueurs. Longtemps rivés à la chaîne, La faim nous a tourmentés. Assez, assez de nos peines ! Nous saurons nous racheter ! Car les puissants de ce monde N'œuvraient que par nos outils. Dans la révolte qui gronde, Nous chargerons les fusils ! Brisons enfin l'insolence Des nobles et des richards ! En terre plantons la lance De notre rouge étendard ! L'appel du Komintern Hans Eisler - Stephan Hermlin Lied der Wertätigen, soit l'hymne de l'Internationale Communiste (IIIème Internationale). Quittez les machines, Dehors, prolétaires, Marchez et marchez, Formez-vous pour la lutte. Drapeau déployé Et les armes chargées Au pas cadencé, Pour l'assaut, avancez, Il faut gagner le monde ! Prolétaires, debout. Le sang de nos frères Réclame vengeance. Plus rien n'arrêtera La colère des masses. A Londres, à Paris, Budapest et Berlin, Prenez le pouvoir, Bataillons ouvriers. Prenez votre revanche ! Bataillons ouvriers. Les meilleurs des nôtres Sont morts dans la lutte Frappés, assommés Enchaînés dans les bagnes. Nous ne craignons pas Les tortures et la mort, En avant, prolétaires, Soyons prêts, soyons forts. En avant, prolétaires ! Soyons prêts, soyons forts. Bandiera rossa Version adoptée par le Partito Comunista Italiano. Avanti o popolo, alla riscossa, Bandiera rossa (bis) Avanti o popolo, alla riscossa, Bandiera rossa trionferà. Bandiera rossa la trionferà (ter) Evviva il comunismo e la libertà. Degli sfruttati l'immensa schiera La pura innalzi, rossa bandiera. O proletari, alla riscossa Bandiera rossa trionferà. Bandiera rossa la trionferà (ter) Il frutto del lavoro a chi lavora andrà. Dai campi al mare, alla miniera, All'officina, chi soffre e spera, Sia pronto, è l'ora della riscossa. Bandiera rossa trionferà. Bandiera rossa la trionferà (ter) Soltanto il comunismo è vera libertà. Non più nemici, non più frontiere : Sono i confini rosse bandiere. O comunisti, alla riscossa, Bandiera rossa trionferà. Bandiera rossa la trionferà (ter) Evviva Lenin, la pace e la libertà. La Butte rouge Montéhus - Georges Krier Sur c'te butt'là y'avait pas d'gigolettes Pas de marlous ni de gros muscadins. Ah ! C'était loin du Moulin d'la Galette, Et de Panam' qu'est le roi des pat'lins. C'qu'elle en a bu du beau sang cette terre, Sang d'ouvriers et sang de paysans, Car les bandits qui sont cause des guerres N'en meurent jamais, on n'tue qu'les innocents ! La Butt' Rouge, c'est son nom, l'baptême s'fit un matin Où tous ceux qui montaient roulaient dans le ravin. Aujurd'hui y'a des vignes, il y pousse du raisin. Qui boira ce vin là, boira l'sang des copains. Sur c'te butt'là on n'y f'sait pas la noce Comme à Montmartr' où l'champagne coul' à flots; Mais les pauvr's gars qu'avaient laissé des gosses Y f'saient entendre de terribles sanglots ! C'qu'elle en a bu des larmes cette terre, Larm's d'ouvriers, larmes de paysans, Car les bandits qui sont cause des guerres Ne pleurent jamais, car ce sont des tyrans ! La Butt' Rouge, c'est son nom, l'baptême s'fit un matin Où tous ceux qui montaient roulaient dans le ravin. Aujourd'hui y'a des vignes, il y pousse du raisin. Qui boira ce vin là, boit les larmes des copains Sur c'te butt'là, on y r'fait des vendanges, On y entend des cris et des chansons ; Filles et gars doucement y échangent Des mots d'amour qui donnent le frisson. Peuvent-ils songer, dans leurs folles étreintes, Qu'à cet endroit où s'échangent leurs baisers, J'ai entendu la nuit monter des plaintes Et j'y ai vu des gars au crâne brisé ! La Butt' Rouge, c'est son nom, l'baptême s'fit un matin Où tous ceux qui montaient roulaient dans le ravin. Aujourd'hui y'a des vignes, il y pousse du raisin. Mais moi j'y vois des croix portant l'nom des copains ! Les Canuts Aristide Bruant (1910) Chanson en hommage aux ouvriers tisserands lyonnais qui s'étaient révoltés en 1831. Pour chanter Veni Creator Il faut avoir chasuble d'or. (bis) Nous en tissons pour vous Gens de l'église, Mais nous pauvres canuts, N'avons point de chemises. Nous sommes les Canuts Nous allons tout nus. Nous sommes les Canuts Nous allons tout nus. Pour gouverner, il faut avoir Manteau et ruban en sautoir. (bis) Nous en tissons pour vous Grands de la terre, Mais nous pauvres canuts, Sans draps on nous enterre. Nous sommes les Canuts Nous allons tout nus. Nous sommes les Canuts Nous allons tout nus. Mais notre règne arrivera Quand votre règne finira. (bis) Nous tisserons alors Le linceul du vieux monde, Car on entend déjà la révolte qui gronde. Nous sommes les Canuts Nous n'iront plus nus. Nous sommes les Canuts Nous n'iront plus nus. Ceux d'Oviedo Par toute la terre Chaque prolétaire A frémi d'un immense espoir. Ceux d'Oviedo d'un splendide élan Ont rejeté soudain leur carcan, Ont pris le pouvoir, Ceux d'Oviedo. Ces durs gars tranquilles De la mine hostile, Armés d'explosifs de chantier, Sous leur baratte en bourgeon noir, Ont pris d'assaut palais et manoirs. Héros ouvriers, Ceux d'Oviedo. A leurs cigarettes, Allumant la mèche De leurs grenades de fer blanc, Pendant des jours ils ont repoussé Les mercenaires contre eux lancés Par les gouvernants, A Oviedo. Ces sans sou ni maille, En pleine bataille Ont protégé les gens, les biens. Pendant l'horreur de la lutte à mort, Ils préparaient un plus juste sort : Les droits et le pain, Ceux d'Oviedo. Tremblante de haine, Lâche et inhumaine, La réaction les écrasa. Toute une armée à coups de canons, Fit d'Oviedo un tombeau sans nom. Partout on trembla, Pour Oviedo. L'âpre bourgeoisie, Malgré ses tueries, N'aura nul repos désormais, Le peuple entier a fremis d'horreur, Le jour approche où, par son ardeur, Seront bien vengés, Ceux d'Oviedo. Chant de bataille Chant de bataille, chant d'assaut Tu nous conduis, Sois pour nous le porte-drapeau, Que chacun suit. Prolétaires, luttons tous, Chacun à son poste au combat. La victoire est à nous Si nous unissons nos bras. Toi qui fur le chant de nos pères Sois notre chant, Et conduis-nous vers la lumière Loin du néant. Ils ont lutté, ils ont souffert, Ils ont vaincu. Mais leur tâche, il faut la parfaire, C'est notre but. Des peuples apprends-nous l'histoire Et les leçons. Car nous n'aurons la victoire Que par l'union. Debout, debout, unissons-nous Pour attaquer, Briser ce régime de fous, Nous libérer. Le chant des marais Rudi Goguel - Herbert Kirmsze Die Moosoldaten a été écrit en 1933 dans le camp de concentration de Börgermoor où étaient parqués des déportés communistes allemands. Ce sont les détenus d'Esterwegen qui, appelés à construire les grands camps d'extermination, transmirent ce chant qui devint le chant de tous les déportés. Loin vers l'infini s'étendent Des grands prés marécageux. Pas un seul oiseau ne chant Sur les arbres secs et creux. Ô, terre de détresse Où nous devons sans cesse Piocher. Dans ce camp morne et sauvage Entouré de murs de fer Il nous semble vivre en cage Au milieu d'un grand désert Ô, terre de détresse Où nous devons sans cesse Piocher. Bruit des pas et bruit des armes, Sentinelles jours et nuits, Et du sang, des cris, des larmes, La mort pour celui qui fuit. Ô, terre de détresse Où nous devons sans cesse Piocher. Mais un jour dans notre vie, Le printemps refleurira. Libre enfin, ô ma patrie, Je dirai " tu es à moi ". Ô, terre d'allégresse Où nous pourrons sans cesse, Aimer. Le chant des martyrs Marche funèbre à la mémoire des révolutionnaires de 1905. Victimes du devoir dans nos luttes fatales, Au peuple à tout jamais vaillants sacrifiés. Vos coeurs ont tout donné pour la gloire finale, La paix et le bonheur du grand peuple ouvrier. Les temps sont révolus et ce peuple ce lève, Puissant et résolu, ivre de liberté. Dormez, frères dormez ! Mais qu'en l'ombre du rêve Eclate dès ce jour votre immortalité. Oui, vous avez subi des geôles obscures, La haine et la rigueur des tyrans ennemis. Sublimes en tout temps, les affreuses tortures N'ont pu vous abattre et vous n'avez pas frémi. Qu'un maître en son palais ait sa fête dernière ; Qu'il abreuve de vin ses bourreaux, ses valets ! Demain ! Fête à demain ! Fête en toute chaumière ! Et fête pour tous ceux qui traînent le boulet ! Le chant des ouvriers Pierre Dupont (1846) Nous dont la lampe, le matin, Au clairon du coq se rallume, Nous tous qu'un salaire incertain Ramène avant l'aube à l'enclume, Nous qui des bras, des pieds, des mains, De tout le corps luttons sans cesse, Sans abriter nos lendemains Contre le froid de la vieillesse. Aimons-nous, et quand nous nous pouvons Nous unir pour boire à la ronde, Que le canon se taise ou gronde, Buvons (ter) A l'indépendance du monde ! Nos bras, sans relâche tendus, Aux flots jaloux, au sol avare, Ravissent leurs trésors perdus, Ce qui nourrit et ce qui pare : Perles, diamants et métaux, Fruits du coteau, grains de la plaine ; Pauvres moutons, quels bons manteaux Ils se tisse avec notre laine ! Quel fruit tirons-nous des labeurs Qui courbent nos maigres échines ? Où vont les flots de nos sueurs ? Nous ne sommes que des machines. Nos babels montent jusqu'au ciel, La terre nous doit ses merveilles Dès qu'elles ont fini le miel, Le maître chasse les abeilles. Au fils chétif d'un étranger Nos femmes tendent leurs mamelles, Et lui, plus tard, croit déroger En daignant s'asseoir près d'elles ; De nos jours, le droit du seigneur Pèse sur nous tous despotique : Nos filles vendent leur honneur Aux derniers courtauds de boutique. Mal vêtus, logés dans des trous, Sous les combles, dans des décombres, Nous vivons avec les hiboux Et les larrons amis des ombres ; Cependant notre sang vermeil Coule impétueux dans nos veines ; Nous nous plairions au grand soleil, Et sous les rameaux verts des chênes. A chaque fois que par torrents Notre sang coule sur le monde, C'est toujours pour quelques tyrans Que cette rosée est féconde ; Ménageons-le dorénavant, l'amour est plus fort que la guerre ; En attendant qu'un meilleur vent Souffle au ciel de la terre. Le chant des partisans Serguei Alinov - G. Atourov Par le froid et la famine Dans les villes et dans les champs A l'appel du grand Lénine Se levaient les Partisans. (bis) Pour reprendre le rivage Le dernier rempart des Blancs Par les monts et par les plaines S'avançaient les Partisans. (bis) Notre paix c'est leur conquête Car en mil-neuf-cent-dix-sept Sous les neiges et les tempêtes Ils sauvèrent les Soviets. (bis) Le chant des survivants G. Matchet Ce chant fut dédié à la mémoire de l'étudiant révolutionnaire Tchernichev, mort en prison sous la torture. Usé et tombé à la tâche, Vaincu, tu terrasses la mort. Lié et tué par des lâches, Victoire, c'est toi le plus fort, plus fort, Victoire, c'est toi le plus fort. Sans gestes, sans gerbes, sans cloches, En homme, ni pleurs ni soupirs, Tes vieux camarades, tes proches, Te mirent en terre, martyr, martyr, Te mirent en terre, martyr. La terre, ton lit de parade, Un tertre sans fleurs et sans croix, Ta seule oraison, camarade, Vengeance, vengeance pour toi, pour toi, Vengeance, vengeance pour toi. Chanson de Craonne Anonyme Recueillie par R. Lefèvre et Vaillant-Couturier Quand au bout d'huit jours, le r'pos terminé, On va r'prendre les tranchées, Notre place est si utile Que sans nous on prend la pile. Mais c'est bien fini, on en a assez, Personn' ne veut plus marcher, Et le coeur bien gros, comm' dans un sanglot On dit adieu aux civ'lots. Même sans tambour, même sans trompette, On s'en va là haut en baissant la tête. Adieu la vie, adieu l'amour, Adieu toutes les femmes. C'est bien fini, c'est pour toujours, De cette guerre infâme. C'est à Craonne, sur le plateau, Qu'on doit laisser sa peau Car nous sommes tous condamnés Nous sommes les sacrifiés. Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance, Pourtant on a l'espérance Que ce soir viendra la r'lève Que nous attendons sans trêve. Soudain, dans la nuit et dans le silence, On voit quelqu'un qui s'avance, C'est un officier de chasseurs à pied, Qui vient pour nous remplacer. Doucement dans l'ombre, sous la pluie qui tombe Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes. C'est malheureux d'voir sur les grands boul'vards Tous ces gros qui font leur foire ; Si pour eux la vie est rose, Pour nous c'est pas la mêm' chose. Au lieu de s'cacher, tous ces embusqués, F'raient mieux d'monter aux tranchées Pour défendr' leurs biens, car nous n'avons rien, Nous autr's, les pauvr's purotins. Tous les camarades sont enterrés là, Pour défendr' les biens de ces messieurs-là. Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront, Car c'est pour eux qu'on crève. Mais c'est fini, car les trouffions Vont tous se mettre en grève. Ce s'ra votre tour, messieurs les gros, De monter sur l'plateau, Car si vous voulez la guerre, Payez-la de votre peau ! Elle n'est pas morte Victor Parizot - Eugène Pottier (1886) Dédiée aux survivants de la Semaine Sanglante de 1871. On l'a tuée à coups de chassepot, À coups de mitrailleuse Et roulée avec son drapeau Dans la terre argileuse. Et la tourbe des bourreaux gras Se croyait la plus forte. Tout ça n'empêche pas Nicolas Qu' la Commune n'est pas morte. Tout ça n'empêche pas Nicolas Qu' la Commune n'est pas morte ! Comme faucheurs rasant un pré, Comme on abat des pommes, Les Versaillais ont massacré Pour le moins cent mille hommes. Et les cent mille assassinats, Voyez ce que ça rapporte. On a bien fusillé Varlin, Flourens, Duval, Millière, Ferré, Rigault, Tony Moilin, Gavé le cimetière. On croyait lui couper les bras Et lui vider l'aorte. Ils ont fait acte de bandits, Comptant sur le silence. Achevez les blessés dans leur lit, Dans leur lit d'ambulance Et le sang inondant les draps Ruisselait sous la porte. Les journalistes policiers, Marchands de calomnies, Ont répandu sur nos charniers Leurs flots d'ignominie. Les Maxim' Ducamp, les Dumas Ont vomi leur eau-forte. C'est la hache de Damoclès Qui plane sur leurs têtes. À l'enterrement de Vallès, Ils en étaient tout bêtes Fait est qu'on était un fier tas À lui servir d'escorte C' qui prouve en tous cas Nicolas, Qu'la Commune n'est pas morte. C' qui prouve en tous cas Nicolas, Qu'la Commune n'est pas morte ! Bref tout ça prouve au combattant Qu' Marianne a la peau brune, Du chien dans l' ventre et qu'il est temps D'crier vive la Commune ! Et ça prouve à tous les Judas Qu'si ça marche de la sorte Ils sentiront dans peu nom de Dieu, Qu'la Commune n'est pas morte. Ils sentiront dans peu nom de Dieu, Qu'la Commune n'est pas morte ! Giroflée Girofla Chanson écrite par Rosa HOLT en 1935. Elle dénonce l'atrocité de la guerre pour le peuple au moment de l'arrivée de Hitler au pouvoir alors que le chauvinisme est développé et que la jeunesse est embrigadée dans l'armée. Que tu as la maison douce Giroflée Girofla L'herbe y croît, les fleurs y poussent Le printemps est là. Dans la nuit qui devient rousse Giroflée Girofla L'avion la brûlera. Que tu as de beaux champs d'orge Giroflée Girofla Ton grenier de fruits regorge L'abondance est là. Entends-tu souffler la forge Giroflée Girofla L' canon les fauchera. Que tu as de belles filles Giroflée Girofla Dans leurs yeux où la joie brille L'amour descendra. Dans la plaine on se fusille Giroflée Girofla L' soldat les violera. Que tes fils sont forts et tendres Giroflée Girofla Ca fait plaisir d' les entendre A qui chantera. Dans huit jours on va t' les prendre Giroflée Girofla L' corbeau les mangera. Tant qu'y aura des militaires Soit ton fils soit le mien Y n' pourra y avoir sur terre Pas grand-chose de bien. On te tuera pour te faire taire Par derrière comme un chien Et tout ça pour rien. L'insurgé Eugène Pottier (1884) L'insurgé, son vrai nom, c'est l'Homme, Qui n'est plus la bête de somme Qui n'obéit qu'à la raison Et qui marche avec confiance Car le soleil de la science Se lève rouge à l'horizon. Devant toi, misère sauvage, Devant toi, pesant esclavage, L'insurgé se dresse Le fusil chargé. On peut le voir en barricades Descendr' avec les camarades, Riant, blaguant, risquant sa peau. Et sa prunelle décidée S'allum' aux splendeurs de l'idée, Aux reflets pourprés du drapeau. Il comprend notre mèr' aimante, La planète qui se lamente Sous le joug individuel. Il veut organiser le monde Pour que de sa mamell' ronde Coul' un bien-être universel. En combattant pour la Commune, Il savait que la terre est une, Qu'on ne doit pas la diviser. Que la nature est une source Et le capital une bourse Où tous ont le droit de puiser. Il revendique la machine, Et ne veut plus courber l'échine Sous la vapeur en action. Puisque l'exploiteur à main rude Fait l'instrument de servitude Un outil de rédemption. Contre la classe patronale, Il fait la guerre sociale Dont on ne verra pas la fin Tant qu'un seul pourra, sur la sphère Devenir sans rien faire Tant qu'un travailleur aura faim ! A la bourgeoisie écoeurante Il ne veut plus payer de rente Combien de milliards tous les ans ? C'est sur vous, c'est sur votre viande Qu'on dépèce un tel dividende Ouvriers, mineurs, paysans. Jean Misère Paroles d'Eugène Pottier et musique de V. Joannes Delorme. Chanson écrite après la Commune. Décharné, de haillons vêtu, Fou de fièvre, au coin d'une impasse, Jean Misère s'est abattu, Douleur, dit-il, n'es-tu pas lasse ? Ah mais ! Ah mais ! Ca ne finira donc jamais ? (bis) Pas un astre et pas un ami, La place est déserte et perdue, S'il faisait sec j'aurais dormi, Il pleut de la neige fondue ! Est-ce la fin, mon vieux pavé ? Tu vois, ni gîte, ni pitance. Ah ! La poche au fiel a crevé, Je voudrais vomir l'existence. Je fus bon ouvrier tailleur, Vieux, que suis-je, une loque immonde, C'est l'histoire du travailleur, Depuis que notre monde est monde. Maigre salaire et nul repos, Il faut qu'on s'y fasse ou qu'on crève, Bonnets carrés et chassepots, Ne se mettent jamais en grève. Malheur, ils nous font la leçon, Ils nous prêchent l'ordre et la famille, Leur guerre a tué mon garçon, Leur luxe a débauché ma fille. De ces détrousseurs inhumains, L'Eglise bénit les sacoches, Et leur Bon-Dieu nous tient les mains, Pendant que l'on vide nos poches. Un jour le soleil s'est éclairé, Le soleil a lui dans mon bouge, J'ai pris l'arme d'un Fédéré, Et j'ai suivi le drapeau rouge. Mais par mille, on nous coucha bas, C'était sinistre au clair de lune, Quand on m'a retiré du tas, J'ai crié "Vive la Commune !". Adieu, martyrs de Satory ! Adieu, nos châteaux en Espagne ! Ah nous mourons, ce monde est pourri, Quittons-le comme on quitte un bagne. A la morgue on coucha son corps, Et tous les jours, dalles de pierre, Vous supportez de nouveaux morts, Les otages de la misère. La grève des mères Chantegrelet-Montéhus Puisque le feu et la mitraille, Puisque les fusils les canons, Font dans le monde des entailles Couvrant de morts les plaines et les vallons, Puisque les hommes sont des sauvages Qui renient le dieu fraternité, Femmes debout ! femmes à l'ouvrage ! Il faut sauver l'humanité. Refuse de peupler la terre ! Arrête la fécondité ! Déclare la grève des mères ! Aux bourreaux crie ta volonté ! Défends ta chair, défends ton sang ! À bas la guerre et les tyrans ! Pour faire de ton fils un homme, Tu as peiné pendant vingt ans, Tandis que la gueuse en assome En vingt secondes des régiments. L'enfant qui fut ton espérance, L'être qui fut nourri en ton sein, Meurt dans d'horribles souffrances, Te laissant vieille, souvent sans pain Est-ce que le ciel a des frontières ? Ne couvre-t-il pas le monde entier ? Pourquoi sur terre des barrières ? Pourquoi d'éternels crucifiés ? Le meurtre n'est pas une victoire ! Qui sème la mort est un maudit ! Nous ne voulons plus, pour votre gloire Donner la chair de nos petits. La Grève Générale Depuis le temps qu'on crève, De froid, de faim, de tout, Autant faire la grève, Autant crever debout ! Marchons à la bataille, Fronts hauts, et poings serrés, La terre au loin tressaille, Sous nos souliers ferrés. Dans la splendeur florale Du tiède mois de mai, La grève générale Commence pour de vrai. Torrent près de la source, Et fleuve un peu plus bas, La grève dans sa course, Grossit à chaque pas. Partis à quelques hommes, Sans armes en haillons, Voyez amis, nous sommes Déjà des millions. Que veulent nos cohortes De libres travailleurs ? Frayer de leurs mains fortes La route aux temps meilleurs. L'armée attend en ligne, Mur aux créneaux d'acier. Les chefs ont pour consigne : Ne faire aucun quartier. Voici l'instant sublime : Ouvrez vos rangs, soldats ! On vous commande un crime, Nous vous tendons les bras ! Victoire, au lieu de mordre Le peuple en pleine chair, Sourds aux bourreaux de l'ordre, Ils ont mis crosse en l'air ! Devant nous, plus d'obstacle : L'armée a fait son choix, Elle aide à la débâcle Du viel ordre bourgeois. Pour faire la conquête D'un monde radieux, Plus rien ne nous arrête Soyons nos propres dieux ! Le Tombeau des Fusillés Paroles de Jules Jouy, musique de F. Doria (30 mai 1887) Ornant largement la muraille, Vingt drapeaux rouges assemblés Cachent les trous de la mitraille Dont les vaincus furent criblés. Bien plus belle que la sculpture Des tombes que bâtit l'orgueil, L'herbe couvre la sépulture Des morts enterrés sans cercueil. Ce gazon, que le soleil dore, Quand mai sort des bois réveillés, Ce mur que l'histoire décore, Qui saigne encore, C'est le tombeau des fusillés. (bis) Autour de ce tombeau sans bronze, Le prolétaire, au nez des lois, Des héros de soixante-et-onze Ecoute chanter les exploits. Est-ce la tempête ou la houle Montant à l'assaut d'un écueil ? C'est la grande voix de la foule Consolant les morts sans cercueil ; Ecoute, bon bourgeois qui tremble : Pleurant ceux qu'on croit oublier, Le peuple, tout entier s'assemble Et vient ensemble Près du tombeau des fusillés. (bis) Loups de la Semaine Sanglante, Sachez-le, l'agneau se souvient. Du peuple, la justice est lente, Elle est lente, mais elle vient ! Le fils fera comme le père ; La vengeance vous guette au seuil ; Craignez de voir sortir de terre Les morts enterrés sans cercueil ! Tremblez ! Les lions qu'on courrouce Mordent quand ils sont réveillés ! Fleur rouge éclose dans la mousse, L'avenir pousse Sur le tombeau des fusillés ! (bis) El paso del Ebro El ejercito del Ebro Rum balabum balabum bam bam Una noche el rio paso Ay Carmela, ay Carmela Y las tropas invasoras Rum balabum balabum bam bam Buena paliza les dio Ay Carmela, ay Carmela El furor de los traidores Rum balabum balabum bam bam Lo descarga su aviacion Ay Carmela, ay Carmela Pero nada pueden bombas Rum balabum balabum bam bam Donde sobra corazon Ay Carmela, ay Carmela Contrataques muy rabiosos Rum balabum balabum bam bam Deberemos resistir Ay Carmela, ay Carmela Pero igual que combatimos Rum balabum balabum bam bam Prometemos resistir Ay Carmela, ay Carmela Le chant du 1er mai Pedron (1891) Il fut entonné sur l'air de C'est à boire, dans le Nord lors du 1er mai 1891 par des ouvriers de tendance socialiste. A Fourmies, les forces de l'ordre feront neuf morts et trente blessés. Les travailleurs de l'usine, De l'atelier, du bureau, Ont des salair's de famine, Sont réduits au pain, à l'eau. C'est huit heur's, huit heur's, huit heures, C'est huit heures qu'il nous faut. Oh ! Oh ! Oh ! Oh ! C'est huit heur's, huit heur's, huit heures, C'est huit heures qu'il nous faut. Le bourgeois qui fait bombance, Qui mange de bons gigots, Veut toujours remplir sa panse Pendant qu'nous rognons les os. La faim force nos compagnes A laisser seuls nos marmots ; Pour aller douze heur's au bagne Enrichir les aristos. Pour baisser notre salaire, On nous montre des flingots, Pour atténuer la misère, Malgré gendarm's et sergots. A tout ça il faut un terme ; Nous l'aurons mes camaros, En répétant d'un ton ferme Aux bourgeois, aux anarchos : Assez d'vivre en bêt' de somme, Trop longtemps courber le dos, Huit heur's de travail pour l'homme, De loisir et de repos. Pour éviter le chômage, C'est huit heures qu'il nous faut, Allons, amis, du courage, De l'accord et crions haut : Quand un soldat Francis Lemarque (1952) Fleur au fusil, tambour battant, il va Il a vingt ans, un coeur d'amant qui bat Un adjudant pour surveiller ses pas Et son barda contre son flanc qui bat. Quand un soldat s'en va-t-en guerre, il a Dans sa musette un bâton d' maréchal Quand un soldat revient de guerre, il a Dans sa musette un peu de linge sale. Partir pour mourir un peu, à la guerre, à la guerre C'est un drôl' de petit jeu qui n' va guère aux amoureux. Pourtant c'est presque toujours Quand revient l'été qu'il faut s'en aller Le ciel regarde partir Ceux qui vont mourir, au pas cadencé. Des hommes il en faut toujours, car la guerre, car la guerre Se fout des serments d'amour, elle n'aime que l' son du tambour. Quand un soldat s'en va-t-en guerre, il a Des tas d' chansons et des fleurs sous ses pas Quand un soldat revient de guerre, il a Simplement eu d' la veine et puis voilà. (ter) Révolution Paroles et musique R. Guérard Révoltez-vous, parias des usines, Revendiquez le fruit de vos travaux. Emparez-vous des outils, des machines, Comme à la peine, au gain soyons égaux. C'est par vos bras, vos cerveaux qui fatiguent, Que le bonheur ici-bas se résoud. Ne criez plus contre ceux qui l'endiguent, Brisez la digue, il s'étendra partout. Révolution ! Pour que la Terre Soit un jour égalitaire. Révolution pour renverser Tout ce qui peut nous oppresser ! Révolution pour que les sciences En paix nous donnent leurs jouissances. Par la raison et par l'action, Debout partout, Révolution ! Révoltez-vous, paysans débonnaires, Pour cette terre où vous prenez vos biens ; Ne soyez plus au progrès réfractaires, Pour vous, pour nous, soyez-en les gardiens. Défrichez-la de ceux qui l'accaparent, La terre doit n'être qu'aux travailleurs. Que les sans-pain du monde s'en emparent ; A nos efforts, unissez vos labeurs. Révoltez-vous, les soldatesques masses, Du chauvinisme abattez les champions, Ne soyez plus la désunions des races Où dans le sang, crouleront les nations. Réfléchissez qu'en marchant dans les grèves Vous combattez ceux qui marchent pour vous, Ne soyez plus victimes de vos glaives, La crosse en l'air ! Frères, venez à nous ! Révoltez-vous, les amantes, les mères, Ne soyez plus de la chair à plaisir, N'enfantez plus d'avortons mercenaires, C'est de l'enfant que dépend l'avenir ; L'homme n'est pas ici-bas votre maître, Nul n'a le droit de s'imposer d'ailleurs ; Libres soyez, mais surtout restez l'être Qui sait aimer, qui nous rendra meilleurs. Révoltez-vous, inconscients crédules, Quittez la nuit où vous plongent les dieux, Pour éviter leurs noires tentacules A nos flambeaux, désabusez vos yeux. La vérité doit vaincre le mensonge, Dans son grand livre apprenez tour à tour ; Quand vous saurez, votre néfaste songe Disparaîtra, faisant place à l'amour. Révoltez-vous, enfin tous ceux qui peinent, Tous les volés, tous les déshérités, Unissez-vous pour que les peuples prennent Les droits, les biens qui leur sont contestés. Si toujours grands les maîtres vous paraissent, C'est qu'à genoux vous servez les tyrans, C'est que la peur et l'erreur vous abaissent, Relevez-vous et vous serez les plus grands ! La ronde des saint-simoniens Compagnons de tous les métiers Aimez-vous en frères Pour abattre la misère Unissez vos mains et vos coeurs. L'union a brisé le joug Qui tenait la liberté L'union donnera l'essor A nos rêves fraternels. Peuples frères de tous pays Ecoutez nos chants d'espoir En sagesse, en bonheur rivaux Nous serons toujours unis. Dans un monde où chacun s'isole | Où l'on dit que tout va bien | (bis) Qui donc prend le souci De songer à ceux qui n'ont rien (ter) Dans ces temps de luttes et de guerres | Où l'on vit chacun pour soi | (bis) Tant de maux nous font souffrir Que l'on devrait bien en finir (ter) Compagnons de tous les métiers Aimez-vous en frères Pour abattre la misère Unissez vos mains et vos coeurs, Soyez unis, soyez unis, (bis) Et tous les maux, et tous les maux, Et tous les maux seront finis, Soyez unis (ter) Unis. Chant du Secours Rouge allemand Pour briser l'ardeur des meilleurs combattants, Pour vaincre l'essor ouvrier montant, Le Bourgeois fait donner se police. Prison, tribunaux, matraqueurs, répression, Fascistes tout prêts à servir les patrons, Ont jeté tout un peuple au supplice. Contre ce monde malade Jusqu'au jour de l'assaut final Protégeons nos camarades Qu'un régime infernal Frappe dans nos rangs Secours à nos combattants ! Martyrs blancs et noirs des pays coloniaux, Chinois et Roumains tous unis au tombeau, Innocents qu'on refuse d'absoudre Vos cris resteraient sans écho, sans espoir Si chacun de nous comprenant son devoir N'allait vers vous par le Secours Rouge. Chacun des méfaits du bourgeois assassin Dressant contre lui tout le genre humain Porte atteinte à sa propre puissance. Unis par ses coups ceux qu'il frappe si fort Invinciblement lui préparent le sort Du tsarisme écroulé dans sa fange. La Semaine Sanglante Jean-Baptiste Clément - Pierre Dupont (1871) Jean-Baptiste Clément l'a écrite en pleine période répression, alors qu'il se cachait dans Paris. Sauf des mouchards et des gendarmes, On ne voit plus par les chemins, Que des vieillards tristes en larmes, Des veuves et des orphelins. Paris suinte la misère, Les heureux mêmes sont tremblant. La mode est aux conseils de guerre, Et les pavés sont tous sanglants. Oui mais ! Ça branle dans le manche, Les mauvais jours finiront. Et gare ! à la revanche, Quand tous les pauvres s'y mettront. Quand tous les pauvres s'y mettront. Les journaux de l'ex-préfecture, Les flibustiers, les gens tarés, Les parvenus par l'aventure, Les complaisants, les décorés Gens de Bourse et de coin de rues, Amants de filles au rebut, Grouillent comme un tas de verrues, Sur les cadavres des vaincus. On traque, on enchaîne, on fusille Tout ceux qu'on ramasse au hasard. La mère à côté de sa fille, L'enfant dans les bras du vieillard. Les châtiments du drapeau rouge Sont remplacés par la terreur De tous les chenapans de bouges, Valets de rois et d'empereurs. Nous voilà rendus aux jésuites Aux Mac-Mahon, aux Dupanloup. Il va pleuvoir des eaux bénites, Les troncs vont faire un argent fou. Dès demain, en réjouissance Et Saint Eustache et l'Opéra Vont se refaire concurrence, Et le bagne se peuplera. Demain les manons, les lorettes Et les dames des beaux faubourgs Porteront sur leurs collerettes Des chassepots et des tampbours On mettra tout au tricolore, Les plats du jour et les rubans, Pendant que le héros Pandore Fera fusiller nos enfants. Demain les gens de la police Refleuriront sur le trottoir, Fiers de leurs états de service, Et le pistolet en sautoir. Sans pain, sans travail et sans armes, Nous allons être gouvernés Par des mouchards et des gendarmes, Des sabre-peuple et des curés. Le peuple au collier de misère Sera-t-il donc toujours rivé ? Jusques à quand les gens de guerre Tiendront-ils le haut du pavé ? Jusques à quand la Sainte Clique Nous croira-t-elle un vil bétail ? À quand enfin la République De la Justice et du Travail ? Le temps des cerises Jean-Baptiste Clément - Antoine Renard (1866-68) Quand nous en serons au temps des cerises Et gai rossignol et merle moqueur Seront tous en fête Les belles auront la folie en tête Et les amoureux du soleil au cœur. Quand nous en seront au temps des cerises Sifflera bien mieux le merle moqueur. Mais il est bien court le temps des cerises Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant Des pendants d'oreilles Cerises d'amour aux robes pareilles Tombant sous la feuille en gouttes de sang. Mais il est bien court le temps des cerises Pendants de corail qu'on cueille en rêvant. Quand vous en serez au temps des cerises Si vous avez peur des chagrins d'amour Evitez les belles Moi qui ne crains pas les peines cruelles Je ne vivrai pas sans souffrir un jour. Quand vous en serez au temps des cerises Vous aurez aussi des chagrins d'amour. J'aimerai toujours le temps des cerises C'est de ce temps là que je garde au cœur Une plaie ouverte Et dame Fortune en m'étant offerte Ne saura jamais calmer ma douleur. J'aimerai toujours le temps des cerises Et le souvenir que je garde au cœur. Die Thälmann-Kolonne Karl Ernst - Peter Daniel Spaniens Himmel breitet seine Sterne Uber unsre Schüzengräben aus. Und der Morgen grüsst schon aus der Ferne. Bald geht es zum neuen Kampf hinaus. Die Heimat ist weit, Doch wir sind bereit. Wir kämpfen und siegen für sie : Freiheit ! Dem Faschisten werden wir nicht weichen, Schickt er auch die Kugeln hageldicht Mit uns stehn Kameraden ohnegleichen Und ein Rückwärts gibt es für uns nicht. Rührt die Trommel ! Fällt die Bajonette ! Vorwärts, marsch ! Mit der roten Fahne ! Brecht die Kette ! Auf zum Kampf, das Thälmann-Bataillon ! We Shall Not Be Moved We shall not, we shall not be moved (bis) Just like a tree that's standing by the water We shall not be moved. The Union is behind us, We shall not be moved (bis) Just like a tree that's standing by the water We will stand and fight together, We shall not be moved (bis) Just like a tree that's standing by the water. We are black and white together, We shall not be moved (bis) Just like a tree that's standing by the water. Zimmerwald Roger Foirier Pionniers rouges, nous marchons en colonnes, Nos pas martèlent le sol ; Drapeaux rouges éclatants au soleil du levant Emergeant de la houle des blés, Nos pas sur le sol semblent dire en cadence : Tu guideras nos pas, Zimmerwald. Là-bas, émergeant de la plaine, Paysan reprend haleine ; La guerre il a souffert bien qu'il n'ait pas de terre, Aujourd'hui c'est toujours la misère ; On entend sa faux qui chante dans les blés : Tu guideras nos pas, Zimmerwald. Sortant éreinté de la mine, Regagnant son noir coron, Le mineur que l'on voit et qui lève le poing Dit : le monde va changer de base. Son pic sur l'épaule, qui creuse le charbon : Tu guideras nos pas, Zimmerwald. Voici un régiment qui passe. Bétail marchant vers la guerre. Dans les rangs des yeux clairs fixent notre drapeau. Mais l'officier oblige à se taire Au reflet des fusils le soleil a écrit : Tu guideras nos pas, Zimmerwald. Partout la parole de Lénine, De Liebknecht et de Rosa Retentit dans les champs, les casernes, les usines, L'ennemi est dans notre pays. Si la guerre éclate, le bourgeois à abattre Sera écrasé par Zimmerwald. L'age d'or Léo Ferré Nous aurons du pain Doré comme les filles Sous les soleils d'or Nous aurons du vin De celui qui pétille Même quand il dort Nous aurons du sang Dedans nos veines blanches Et le plus souvent Lundi sera dimanche Mais notre âge alors Sera l'âge d'or Nous aurons des lits Creusés comme des filles Dans le sable fin Nous aurons des fruits Les mêmes qu'on grappille Dans le champ voisin Nous aurons bien sûr Dedans nos maisons blêmes Tous les becs d'azur Qui là-haut se promènent Mais notre âge alors Sera l'âge d'or Nous aurons la mer À deux pas de l'étoile Les jours de grand vent Nous aurons l'hiver Avec une cigale Dans ses cheveux blancs Nous aurons l'amour Dedans tous nos problèmes Et tous les discours Finiront par Je t'aime Vienne vienne alors Vienne l'âge d'or...